L’Univers

L’univers scientifique – La vie végétale

De sa relation à la flore, née une passion chez Mathilde Garnier tant pour la diversité des espèces que pour la pluralité des couleurs, des formes et motifs que revêt chacune d’entre- elles. C’est de cet attrait que germe une thématique orientée sur la vie végétale et dans laquelle les canopées occupent une place particulière. Ces environnements riches de biodiversité, situés à la jonction entre ciel et terre, suscitent un sentiment de légèreté au regard de l’artiste.
À travers ses œuvres, elle nous invite à prendre un instant pour contempler la multiplicité de ces êtres vivants ainsi que leur singularité.

Pour ce faire, elle élabore des écosystèmes tangibles, respectant les caractéristiques biologiques de chaque espèce sélectionnée, grâce à la recherche d’informations qu’elle mène jusqu’à la finalité de ses projets. Le temps de la réalisation technique arrivé, Mathilde Garnier parvient à un compromis pour allier le niveau de précision souhaité et les contraintes matérielles. Son art ne s’inscrivant pas dans le dessin botanique, elle détaille suffisamment chaque espèce végétale et animale pour qu’elles soient identifiables par leurs attributs, dans un format réduit.

Parmi ses œuvres qui s’inscrivent dans cette thématique, nombre d’entre-elles présentent des écosystèmes endémiques des régions aux climats tropicaux. Le parcours de Mathilde Garnier à travers les Amériques et leur flore a marqué les souvenirs de l’artiste, des souvenirs qui n’ont cessé de la suivre depuis. Accompagnée de ces pensées, elle commence à élaborer ses œuvres pour s’évader et se jouer des restrictions du confinement, c’est en dessinant qu’elle se balade dans la végétation.

Les canopées tropicales sont aux fondements de cette thématique, elles symbolisent l’origine de sa démarche artistique. Néanmoins, Mathilde Garnier ne se concentre pas exclusivement sur ce biome et élabore des écosystèmes qui évoluent dans d’autres climats. À travers ses œuvres, elle illustre plus largement la complexité des relations entre les liens et les liants qui forment nos divers environnements.


L’univers poétique – Akènes

L’intérêt premier de Mathilde Garnier pour le dessin de bourgeons a façonné la place qu’occupent aujourd’hui les akènes parmi ses œuvres. Ces réceptacles à graines sont traversés de fortes symboliques au regard de l’artiste. Certains dotés d’aigrettes parcourent de longues distances pour se répandre par les airs et, tout en lui inspirant un sentiment de légèreté, ils lui remémorent ses propres mobilités.
À travers ses œuvres, Mathilde Garnier transcrit ses émotions dans la mise en scène des akènes qui se donnent à voir comme une fenêtre sur son imaginaire et son intimité.

Attentive au détail depuis l’enfance, elle aspire à révéler les caractéristiques minuscules revêtues par les graines qu’elle dessine. Le choix de représenter un nombre réduit d’espèces à travers les œuvres s’inscrivant dans cet univers artistique lui permet de les détailler davantage avec plus de précision dans son tracé.
C’est autour d’un akène central que ses dessins s’articulent. Il se dresse comme le protagoniste de chacune de ses œuvres, incarnant l’indissociation de l’être humain et la nature. En l’accompagnant d’autres espèces mises au second plan, Mathilde Garnier veille à constituer des ensembles saisonniers de graines. Dans ses compositions, elle joue avec les symboliques dont seront porteuses celles-ci après croissance, comme le langage floral véhiculé par les akènes destinés à devenir fleurs.
Les œuvres naissant de cet univers reflètent l’expérience sensible du corps de l’artiste et se donnent à voir comme les fragments de sa trajectoire multidisciplinaire à travers les arts.

Pour Mathilde Garnier, l’anthropomorphisme que suggèrent ses akènes est le produit de la transcription de ses émotions en eux. Dans sa démarche, l’artiste extrait des normes de genre les protagonistes de ses œuvres, même si leurs postures et attitudes pourraient être interprétées comme les gestualités caractéristiques de socialisations masculines ou féminines. « En dehors de notre espèce les vivants hermaphrodites n’ont de compte à rendre, les catégories de sexe ne priment que chez nous autres ». À travers cet univers poétique, Mathilde Garnier nous convie à l’évasion et à nous laisser porter par nos émotions.

© SYHAM – Clément Cézarine, auteur et Rédacteur, www.syham.fr



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